Nostalgie ?

Manoir Bontemps

La limousine s'arrêta à la grille rouillée.
Lucius en sortit et sans un mot pour le chauffeur qui connaissait parfaitement son rôle, s'avança le long de l'allée abandonnée. Le manoir n'avait absolument pas changer, si on exceptait son état de délabrement. S'il en avait le temps, Lucius penserait peut être à le faire rénover.
Les traces de pas dans la poussière de l'entrée attestaient de la présence de nombreux, trop nombreux, visiteurs voilà peu de temps. Quelques mois tout au plus.
Agacé, le prince se dirigea vers l'étage et s'engouffra dans l'une des chambres. Ils n'avaient même pas refermer l'entrée qui menait au passage secret. Quelle bande d'amateurs...
Sans attendre, Lucius s'y engouffra.

Il ne manquait plus que cet imbécile idéaliste pour clore une détestable soirée. Lucius n'aurait jamais cru le trouver ici. Roland appréciait-il donc tant la souffrance et les souvenirs inutiles ?
Le prince se campa devant son frère et le dévisagea tout en écoutant sa diatribe. Impassible, sans même tressaillir devant l'émoi de Rolland, Lucius continua de le fixer, un masque d'indifférence poser sur son visage.

- Tu as fini ?

Méprisant, Lucius s'avança pour dépasser son frère et se dirigea vers le pentacle dans lequel il n'entra pas.

- Que de souvenirs, n'est ce pas Rolland ?

Comme perdu dans de lointains souvenirs, Lucius s'agenouilla et posa le doigt sur le contour du pentacle. Une plainte sembla alors s'élever des murs de pierre froide.

- C'est ce qu'on nous a fait que je hais. Pas toi. Je me souviens d'une époque où nous étions unis, heureux. Où la vie était si simple... Je m'en rappelle mais je n'éprouve plus rien à ce souvenir. J'ai oublié ce qu'étaient les sentiments. C'est pour ça que tu m'agaces tant. Moi, on m'a tout enlevé. Tout.

Lucius se releva alors et le regard presque humain qu'il posa sur son frère se mua en totale froideur en un instant.

- Le trône de Paris, dis tu ? Non, mon frère. Viendra un jour où je détrônerais l'empereur pour lui ravir sa place. Les Terreneuve prendront enfin leur place au sein du monde de la nuit ! Plus personne ne mettra en doute notre suprématie ! Tu sais pourquoi, tu le sais ! J'écraserais de ma botte tous ceux qui nous ont nui, tous ceux qui oseront se mettre en travers de notre route !

Le regard de Roland changea, l'air se glaça. Et les mots se firent plus secs et dur dans sa bouche. Une haine glacé s’empara petit à petit de lui.

Ce que l'on nous a fait ? Tu veux rire ?

Ses yeux se remplissaient de haine

J'ai perdu des choses irremplaçable. J'ai perdu ce que j'avais de plus cher. Et tu oses, toi qui t'es toujours servi chez les autres tu oses me dire que tu as perdu ?
Non Lucius, tu as toi même choisi cette voix, et tu es le seul d'entre nous à l'avoir fait.
Mais le pire est ce que tu as fait derrière Mr.De Terrneuve, Prince de Toulouse ! Apprend déjà a esquiver les pièges, car si je ne t’affrontes pas, c'est uniquement pour éviter un bain de sang inutile. Mais ton ego va nous mener à notre perte !!! Tu en es conscient au moins ?

Ces derniers mots, Roland les criaient, il les faisaient sortir de ses entrailles, perdant le contrôle petit à petit. Ses poings se serrèrent, ses pupilles étaient comme incandescentes. Il fixait son frère de toute sa colère, comme pour lui envoyer les images du passer dans la figure.

Lucius laissa la colère de son frère s'exprimer sans mot dire, le dévisageant d'un air impassible, hautain. Quel tissu d'absurdités.

- Tu n'es qu'un faible. Père t'a toujours pourri, protéger, excusé alors qu'il sautait aux yeux que tu n'étais qu'un enfant trop gâté et capricieux. Tu n'as même pas été capable le destin de notre famille et maintenant tu viens t'en plaindre ? Tu parles de mes choix mais si tu regardais les tiens ?

D'un air inquiétant, le prince s'avança vers Roland et stoppa son pas à quelques centimètres de son visage. Ses yeux n'étaient que colère et mépris.

- Oses porter la main sur moi et je ferais en sorte que tes souffrances cessent pour l'éternité. J'ai déjà donne une bonne correction à Daniel ce soir. Vas tu m'obliger à faire de même avec toi ? Je suis l'ainé, ne l'oublie plus jamais.

Un combat, c'est ça que tu proposes ? Il n'y a donc que ça que tu comprends Lucius ? Mais n'est-ce pas là le pouvoir des faibles; Au final tu tiens plus du Brujah que du Ventru.

Les yeux plongé dans ceux de son frère, le temps semblait suspendu. Plus rien ne comptait sinon l'autre en face de lui.

Et si nous faisions ça, que dirait Julien hein ? C'est ça que tu voudrais montrer aux autres ? Un masque de haine et de prise de pouvoir par la force ? Laisse-moi rire Lucius, au final tu as raison, le plus triste de nous deux c'est toi. Toi et on pitoyable pouvoir.

Il se tenait prés, l'heure n'était plus aux pleurnicheries, la nostalgie n'avait plus sa place ici. Lentement l'expression changea, ses crocs commencèrent à sortir, ses yeux dévirent de plus en plus sombre, et sa voix d'autant plus menaçante.

Tu sais ce qui m'habites, et je doute que tu veilles le réveiller.

Malgré la menace, le Prince resta de marbre. Plus hautain et méprisant que jamais.

- Les idées nobles, les appels à la vertu ne sont que fariboles et lettres mortes dans la vie réelles. Seule la force brute et le pouvoir permettent d'orienter la masse. Sans une poigne ferme, combien de vampires ne suivraient plus les préceptes de discrétion qui sont le fondement même de notre survie. Tu illustres de toi même mon propos. Si Père avait écouter mes conseils et t'avait montrer les bienfaits du respect et de l'autorité, nous n'en serions pas là aujourd'hui. Ton désir absurde de liberté et d'émancipation a engendrer trop de torts. Ouvre les yeux sur les nouveaux-nés, apprend à les connaitre et tu comprendras ma façon de penser.

Lucius sortit une cigarette de sa poche et l'alluma avec négligence. Un mince sourire aux lèvres, il cracha une bouffée de fumée au visage de son cadet.

- Tu n'es pas un homme d'action ou de violence. De plus, je pense que tu es assez lucide pour savoir que tu ne remporteras pas un combat contre moi de façon directe. Tu es rester trop longtemps endormi alors que j'ai prospérer. Garde tes menaces pour ceux qui méritent ta colère. Si tu redeviens une gêne, tu sais ce qui t'attend. Personne, pas même toi, ne fera obstacle à l'avenir prospère que je prépare pour notre famille.

Tournant ostensiblement le dos à Roland, dernier signe d'humiliation, Lucius fit demi-tour et entreprit de gravir les marches qui le ménerait vers la partie connue du manoir puis vers la sortie.

Demeure Terreneuve